mardi 8 janvier 2008

Gérald Schurr

Gérald Schurr, in: Les Petits Maîtres de la peinture 1820-1920, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, Paris, 1982, t. II, p. 85. (Section: De la peinture de genre à l'anecdote belle-époque)

Fernand, ou Fernand Pelez (Paris 1843-1913), qui signe presque toujours de son seul prénom, traite d'abord de thèmes classiques à l'exemple de son professeur Cabanel, puis de l'actualité dans son aspect le plus touchant et misérabiliste (Le Vitriol et l'ouvrière en 1889, Sans asile, Victime, Une Vierge pauvre...) On préfère à la bonne tenue plastique de ces toiles complaisamment sinistres la légèreté de ses aquarelles sur les environs de Venise et sur les lagunes de Chioggia.
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Commentaires

L'auteur confond ici deux artistes:
- Fernand Pelez de Cordova (1820-1899) , aquarelliste et père du suivant, et
- Fernand Pelez (1843-1913) chantre de la misère.

Ce dernier signe: F. Pelez
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Gérald Schurr, in: Les Petits Maîtres de la peinture 1820-1920, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, t. VII, Paris, 1982, pp. 131-132. (Section: De la peinture de genre à l'anecdote belle-époque)

Fernand PELEZ (Paris 1843-1913) mérite sans doute d'être sauvé du pompiérisme trop souvent associé à la peinture d'histoire. Cet élève de Cabanel n'a pas hésité, au début de sa carrière, à affronter les sujets les plus redoutables, ceux que lui proposait la lecture de la Bible ou de l'histoire de Rome et celle du Moyen-Âge, du genre , Adam et Ève chassés du Paradis (Salon de 1876), La Mort de Vitellius, Le Sans asile (Salon de 1883), Le Sac d'Anvers en 1576 (Salon de 1886) ou encore La Mort de l'empereur Commode qui, au Salon de 1879, lui valut ces lignes de Huysmans: « Nous voici devant l'étonnant Empereur Commode de M. Pelez; j'avais tout d'abord mal compris le sujet. Je pensais que le monsieur en caleçon de bain vert penché sur l'autre monsieur en caleçon de bain blanc était un masseur, et que la femme soulevant le rideau disait simplement « le bain est prêt » ; il paraît que ce garçon de salle est un thugg, un bon étrangleur qui ne malaxe aucunement le cou de Commode pour aider à la circulation du sang; c'est même, si j'en crois le livret, tout le contraire. » Puis, vers 1890, Pelez s'attaque aux malheurs de son temps, devient le chantre de la misère. Le Mendiant à l'orange, Le Petit vendeur de violettes, Musicienne ambulante: le ton préfigure celui de son immense toile, L'Humanité, du Salon de 1896: « Les œuvres de Pelez portent toujours l'empreinte d'une idée complexe très philosophique, écrit Gustave Haller dans son Salon de cette année-là: c'est l'Homme aux rubans verts de Molière; pour lui, la nature seule est belle et bonne; l'homme est méchant, cruel, qu'il méprise sans pitié la misère, ou envie le riche et le haïsse. » Dans ses accents foncièrement pessimistes, cet angoissé propose quelques beaux morceaux de peinture, des détails savoureux aux couleurs diaprées qu'on aimerait isoler de leur contexte déclamatoire. Dans son ouvrage de 1883, « Nos peintres dessinés par eux-même », Bélina définit bien son style nerveux dont le mouvement fait pardonner l'ennui du thème: « Il y a chez lui la correction irréprochable du dessin, la sincérité et la puissance du coloris, le fini admirable des détails, sans toutefois tomber dans l'afféterie et le prétentieux; il peint largement quand son sujet l'exige chacun de ses tableaux reflète son individualité. » Une fois de plus ce sont les ébauches, les études de personnages campés avec vivacité, qui sauveront la mémoire de ce perfectionniste trop attaché à finir ses compositions. En 1899, Yveling Rambaud le décrit dans « Solhouettes d'artistes »: « Ses façons d'être peuvent paraître singulières: sa maigreur, la saccade de ses mouvements, le rictus amer et forcé de sa bouche rappellent, en plus jeune, le grand Whistler: comme lui, il semble un fantastique personnage échappé de quelque histoire extraordinaire d'Edgar Poe. » Paré de toutes les récompenses accordées aux chers maîtres officiels, Pelez s'enferme de plus en plus dans sa misanthropie; dans sa vieillesse, il va connaître l'oubli, ne vivant plus que d'un maigre traitement de professeur de dessin de la Ville de Paris.

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